Une histoire d’arrière-grand-père en petit-fils
Alexandre Ruèche est agriculteur. Il fait suite à la carrière de son arrière-grand-père et de son grand-père. Le premier, venu de l’Yonne, s’installe en région parisienne et travaille la terre des Moulineaux dans les années 30. Il deviendra même Maire de Noisy. Son fils, le grand-père d’Alexandre, a également travaillé dans les champs jusqu’à 78 ans pour attendre la relève de son petit-fils. Alexandre Ruèche reprend l’exploitation familiale de la Ferme de Pontaly à 21 ans, en 2003 après avoir obtenu son bac agricole et travaillé en alternance.
Au fil des années, les surfaces cultivées par la famille ont évolué : elles sont passées de 150 Ha travaillés en traction animale, avec des vaches et des moutons, à 60 Ha (zone de l’actuel collège et du Domaine du Parc, à Noisy). Le grand père, qui voyage aux États-Unis, y découvre les grandes exploitations céréalières et abandonne l’élevage. Au plus fort de l’essor de la mécanisation et de la chimie, cet homme se conforme aux besoins alimentaires de son pays. Il exploite 400 Ha, pour arriver à ce qu’est la ferme de Pontaly aujourd’hui : environ 180 Ha cultivés en céréales en conversion en agriculture biologique depuis 2018.
Alexandre Ruèche est l’un des piliers du syndicat des jeunes agriculteurs d’Ile de France où l’entraide, les échanges et la défense du métier sont des valeurs fondamentales. Les techniques apprises à l’école sont bien vite complétées par la vie sur le terrain, riche d’expériences et d’enseignements adaptés au terroir.
Un talent à la Ferme de Pontaly : la transmission d’un agriculteur
Depuis 2012, Alexandre et sa femme Cécile ont à cœur d’ouvrir leur ferme pour faire connaître la réalité d’une exploitation agricole et la richesse du métier d’agriculteur. Les gîtes à la ferme ou l’accueil pédagogique pour les scolaires, sont autant de mains tendues vers les citoyens pour échanger.
Avec la vente à la ferme en pré-commande et la mise à disposition de produits locaux au travers de commandes groupées, Cécile et Alexandre Ruèche soignent le côté artisanal, rural et le contact humain avec les consommateurs de Bailly.
La majorité de leur production est vendue à des coopératives et une partie trouve des débouchés en vente directe à la ferme, et chez des revendeurs locaux : AMAP, épiceries participatives comme Pop la Coop à Marly-le-Roi, Carrefour City de Villepreux, boutiques gourmandes d’agriculteurs voisins, City vrac de Versailles, etc. En vrac ou emballées dans des contenants de 500g : la vente de ces denrées en circuits de distribution local demande beaucoup d’investissement.
Des valeurs citoyennes et engagées
Pour Cécile et Alexandre Ruèche, nourrir leurs concitoyens avec des produits de qualité et préserver par le travail des champs un cadre de vie pour tous, c’est accomplir son devoir en tant qu’agriculteurs.
Leur passage en agriculture biologique y contribue également, mais Alexandre et Cécile souhaitent aller encore plus loin. Plantations de haies, ensemencement des jachères avec des mellifères pour nourrir les abeilles, mise en place de couverts végétaux pour la faune sauvage, etc. Par leurs actions quotidienne, ils cherchent à entretenir la biodiversité de la Plaine de Versailles.
Préserver le territoire de la Plaine de Versailles
La conservation du caractère rural Bailly et de la Plaine de Versailles est une priorité. Alexandre et Cécile sont particulièrement vigilants concernant le développement des villes alentour et de l’évolution des usages, qui pourraient peser sur l’avenir rural des sites. La plaine n’est pas seulement un magnifique lieu de promenade pour les piétons, les vélos, les cavaliers, mais c’est aussi l’outil de travail des agriculteurs. Si la Plaine de Versailles est classée, ces territoires restent cependant fragiles.
Les usagers profitant des lieux sont nombreux. Malheureusement, tous ne sont pas respectueux. Lorsqu’un chien court en plein champ, lorsque des promeneurs traversent les parcelles comme s’il s’agissait d’un jardin public, lorsque les vélos ou les motos parcourent les cultures, leur travail d’agriculteur en pâtit. Au delà du manque de respect du travail effectué, ces incivilités occasionnent des dégâts sur la production et dérangent les espèces sauvages qui y ont élu domicile.
Cécile et Alexandre Ruèche se retrouvent donc face à l’enjeu de parvenir à absorber la densification des villes, permettre à tous de s’évader, tout en conservant la biodiversité installée et leur outil de production agricole déjà soumis à de nombreuses contraintes.