Ferme du Trou d’Enfer : adaptation et expérimentation

Une histoire familiale

En 1931, le grand-père de M. Baumann commence à exploiter les terres de la Plaine du Trou d’Enfer. Son diplôme agricole en poche, Emmanuel Baumann succède à son oncle, agriculteur en polycultures et éleveur. L’aspect élevage disparaît dans les années 80, au profit de la polyculture céréalière. En raison des débouchés et du contexte international, les agriculteurs doivent diversifier leurs cultures. Ainsi s’arrête la culture des haricots verts avec la fermeture de la conserverie Bonduelle, puis celle de la pomme de terre, en raison de la concurrence engendrée par les autres régions et pays, avec la production de produits lavés nécessitant plus d’employés. Emmanuel Baumann compte depuis sur sa fille, titulaire d’un BTS agricole pour reprendre son activité.


Un talent : expérimenter lentement, au rythme de la nature

Emmanuel Baumann possède un goût prononcé pour les expériences. C’est cette curiosité qui suscite son envie de passer à l’agriculture biologique : nouvelles manières de travailler, essais avec diverses espèces, et aussi simplement « envie de changer » : on ne cultive pas en bio comme on le fait avec des intrants chimiques. Les challenges ne sont également plus les mêmes.

Ses cultures varient pour que la terre ait le temps de se régénérer, aidée par des espèces « compagnes » plantées spécifiquement. L’amendement des sols est réalisé environ 2 fois par an : au début de l’hiver à l’aide de compost Bio issu de Bio Yvelines Services, et avec de la fiente de poule (belge en raison d’une pénurie de produits bio français !), au printemps. Le Bio est un marché de niche, qui avec une demande croissante, permet d’écouler sans souci la production. Il produit pour le moment 40% du rendement des cultures en agriculture conventionnelle avec besoin d’une main d’œuvre accrue par plus de désherbage mécanique (passages en tracteur) mais moins de charges (produits). En l’absence de hangar de stockage, l’écoulement de la production se fait quasiment en flux tendu à des prix dépendants de la bourse des céréales, en vente localement à des moulins de Versailles, de Paris et en partie pour l’export.

Le jour aux champs, aux réparations ou aux travaux, et le soir à la gestion et à la veille juridique avec des normes de plus en plus restrictives : les horaires d’Emmanuel Baumann sont longs, mais il ne s’en plaint pas.


Des valeurs humanistes

Heureusement, l’agriculteur est passionné. Il assure par son travail une production alimentaire des populations, dans un monde aux aléas climatiques de plus en plus fréquents et aux écosystèmes fragilisés. Il aime partager et faire connaître son métier en dépit de l’image parfois malmenée des filières techniques. Il transmet sa passion et son savoir jusqu’aux nouvelles générations afin pourquoi pas, de provoquer des vocations.


La circulation, un point crucial

Les agriculteurs ont besoin de circuler sur la route avec des véhicules larges, comme des moissonneuses batteuses, et entre les champs des différentes communes. Ces contraintes de gabarit de circulation (2m80) ne sont pas toujours prises en compte au niveau de la voirie et entraînent parfois des problèmes lors de croisements. Certains trottoirs, barrières et terrepleins peuvent même les empêcher d’effectuer leurs retournements.

Un autre sujet préoccupe Emmanuel Baumann, les normes administratives et légales de plus en plus contraignantes. Elles participent à la cessation de certaines activités devenues trop complexes et n’aident pas les jeunes agriculteurs à s’installer.