Discours de Monsieur le Maire
Chères concitoyennes, chers concitoyens,
En ce 8 mai 2024, nous sommes rassemblés pour commémorer la victoire des Alliés sur le nazisme, voilà 80 ans déjà.
Attaquées à l’Est, à l’Ouest et sur le front méditerranéen, les forces de l’axe vont connaitre en cette année 44 la plus terrible des guerres. A partir de la base avancée des Alliés qu’est le Royaume-Uni, les Américains transfèrent des quantités pharaoniques de matériels militaires tels que des milliers de chars blindés, avions et navires afin d’assurer la réussite d’un débarquement sur le sol de France. Ainsi, les forces militaires alliés atteindront le chiffre impressionnant de près de 2 millions de soldats venus d’une douzaine de nations. Dernier rouage du plan implacable mis en œuvre par les Alliés, la Résistance française se doit d’endiguer la remontée vers la Normandie des troupes allemandes disséminées sur le territoire national. Ainsi, le rôle de l’armée des ombres va consister à fournir des renseignements sur les unités allemandes présentes mais aussi à mettre les chemins de fer hors d’usage. Le 5 juin à 21h15, Radio Londres diffusera enfin le message tant attendu, extrait du poème de Paul Verlaine « les sanglots longs des violons de l’Automne blessent mon cœur d’une langueur monotone » message confirmé quelques heures plus tard par le Général de Gaulle à la Résistance Française, « la bataille suprême peut enfin commencer ». C’est dans ce contexte que l’incroyable flotte alliée traverse la Manche le 6 juin 1944.
Aujourd’hui comme chaque année, nous perpétuons le devoir de mémoire envers tous ceux qui se sont battus pour la liberté, ce qui nous donne l’occasion de rendre particulièrement hommage à la Résistance de la jeunesse. Témoin de l’effondrement de la France en 1940, l’engagement de ces jeunes gens n’a pas été seulement un mouvement, mais davantage un élan, un refus de l'occupation, une révolte contre l’inacceptable.
Parmi les figures héroïques de la Résistance intérieure française, il en est une dont le nom résonne avec une force particulière en cette année 2024: il s’agit de Missak Manouchian et ses compagnons de l’affiche rouge qui par leur exemple, ont encouragé toute une jeunesse française à réagir face à l’occupant.
Ce parcours, déjà marqué par la tragédie arménienne ne l'a pas empêché de s'engager dans la lutte contre le nazisme en France. De par ses actions sur le sol français en multipliant les déraillements et les attaques contre les nazis, il met alors en lumière la capacité de la résistance et le courage de ceux qui étaient considérés comme des étrangers. Ainsi, rappelons-nous de Missak Manouchian et de ses compagnons, fusillés il y a 80 ans au Mont Valérien. Martyrs de la Résistance, ils nous rappellent que ceux qui meurt pour la liberté ont toujours raison devant l’histoire.
La Résistance, c’est aussi l’engagement au travers des mouvements scouts catholiques, éclaireurs unionistes et israélites. Ils entreront dans la clandestinité et joueront un rôle essentiel en utilisant au mieux les valeurs et l’esprit d’équipe acquises dans le scoutisme. Ces jeunes vont s’engager parfois sous l’influence de leurs chefs de troupe comme ce fut le cas à Orléans : En effet, Claude Lerude, Chef du réseau des corps francs de la Région, entrainera une grande partie des scouts de la paroisse de St Paterne dont il avait la responsabilité. Pour ces scouts et routiers Orléanais qui n’avaient pas 20 ans, les beaux jours prirent fin brutalement dès 1942 pour des activités bien plus périlleuses : ce furent les échanges d’Informations sur l’ennemi, les manipulations d’armes, les parachutages de nuit de matériels venus de Londres, les reconduites des pilotes anglais en direction de la gare d’Austerlitz, le cache-cache quotidien avec la gestapo…les messages auprès des familles juives susceptibles d’être arrêtées par la Police française.
Cette génération a donc passé sa jeunesse en défendant la patrie avec courage et souvent la peur au ventre pour toute récompense. Ces jeunes ont risqué leur vie : certains ont survécu, d’autres n’ont pu échapper à la traque allemande c’est à dire à la torture et la mort. C’est pourquoi, notre dette est immense à leur égard, leur enthousiasme et générosité a contribué à sauver l’honneur de la France.
Mais en Allemagne aussi, la jeunesse a résisté. L’exemple le plus marquant est le mouvement de la "Rose blanche" des Résistants chrétiens (Weiße Rose), composé, principalement de huit étudiants, parmi lesquels Hans et Sophie Scholl, et d’un professeur de l'Université de Munich Christoph Probst. De juillet 1942 à février 1943, ce cercle d’étudiants a courageusement diffusé des tracts appelant à la résistance passive contre le régime nazi. Leur action a été sévèrement réprimée par le régime, tous les membres du groupe seront arrêtés et condamnés à mort pour haute trahison après un procès vite expédié. Au cours de l’été 1943, la Royal Air Force lancera sur l’Allemagne un million d’exemplaires du dernier tract de la "Rose blanche" pour inciter la population allemande à se soulever contre le régime.
En ce jour de commémoration, rendons hommage à tous les Missak, à toutes les Sophie, à tous les Hans…à tous ces jeunes héros de la Résistance, dont le courage et la détermination ont contribué à la victoire contre le nazisme. Leur histoire nous rappelle que, même dans les circonstances les plus difficiles, la jeunesse a le pouvoir de changer le cours de l'histoire et de défendre ce en quoi elle croit.